Jumia se retire de l’Afrique du Sud et de la Tunisie : Analyse de la stratégie de recentrage du géant africain du e-commerce

Dans une annonce qui marque un tournant stratégique majeur, Jumia Technologies, souvent surnommé l' »Amazon africain », a révélé son intention de se retirer de deux marchés importants : l’Afrique du Sud et la Tunisie. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une restructuration plus large visant à atteindre la rentabilité, un objectif qui a longtemps échappé à l’entreprise malgré sa croissance rapide.

Une décision stratégique dans un contexte économique difficile

Selon Reuters, le PDG de Jumia, Francis Dufay, a expliqué les raisons de ce retrait : « La trajectoire des pays n’était pas alignée sur la stratégie du groupe ». Il a notamment cité « la complexité de la macroéconomie, l’environnement concurrentiel et le faible potentiel de croissance et de rentabilité à moyen terme » comme facteurs déterminants de cette décision.

Cette annonce signifie la fermeture de Zando, le détaillant de mode en ligne sud-africain de Jumia, ainsi que de ses opérations tunisiennes d’ici la fin de l’année. Zando, fondé en 2012, s’était imposé comme une plateforme de mode en ligne de premier plan en Afrique du Sud. En Tunisie, Jumia opérait sous sa propre marque depuis une décennie, proposant une gamme variée de marchandises.

Malgré l’importance symbolique de ces marchés, leur poids dans les opérations globales de Jumia reste limité. M. Dufay a précisé à Reuters que « ces deux activités n’ont représenté que 2,7 % du total des commandes et 3 % de la valeur marchande brute au cours des six mois se terminant le 30 juin ».

Le PDG reste optimiste quant à la capacité de l’entreprise à compenser ces pertes : « Le succès sur l’un ou l’autre de ces marchés nous permettrait facilement de récupérer les volumes perdus en Afrique du Sud et en Tunisie », a-t-il déclaré, faisant référence aux marchés restants de Jumia, qui incluent l’Égypte, le Kenya, le Maroc et le Nigeria.

 

Une restructuration plus large

Ce retrait s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large de réduction des coûts. Reuters rapporte que Jumia « procède à une réduction agressive des coûts pour tenter de devenir rentable, notamment en réduisant les effectifs, en abandonnant les produits d’épicerie courante et la livraison de nourriture et en supprimant les services de livraison non liés à son activité de commerce électronique ».

Les fermetures en Afrique du Sud et en Tunisie entraîneront la suppression d’environ 110 emplois, bien que certains employés pourraient être transférés vers d’autres secteurs du groupe.

La décision de Jumia intervient dans un contexte de mutation rapide du marché du e-commerce en Afrique. En Afrique du Sud, par exemple, Takealot, le plus grand groupe de vente au détail en ligne du pays, a récemment annoncé la vente de son activité de mode en ligne Superbalist, face à la concurrence croissante des détaillants chinois de mode rapide comme Shein et Temu.

Le retrait de Jumia de l’Afrique du Sud et de la Tunisie marque un tournant important dans la stratégie de l’entreprise. Alors que le géant du e-commerce africain se concentre sur ses marchés les plus prometteurs, il reste à voir si cette décision permettra à Jumia d’atteindre enfin la rentabilité tant convoitée. Dans un paysage du commerce électronique en constante évolution, la capacité de Jumia à s’adapter et à prospérer sur ses marchés restants sera cruciale pour son avenir.

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